Hugo est entré au CP en septembre avec une « énorme » étiquette sur le front :
instable,agité,hyperactif, pas intéressé, pas scolaire……bref, tout pour plaire à une maîtresse de CP !
Il arrive d’un autre secteur où il a bénéficié d’une aide spécialisée G en grande section, aide à poursuivre d’après le dossier.
Mais, cette année, pas de maître G dans notre réseau !
L’enseignante nous informe très vite du comportement de Hugo qui se montre fidèle à sa réputation !
Des évaluations de classe..des entretiens avec la maîtresse,..l’attente d’une hypothétique intervention d’un maître G de l’autre secteur (finalement impossible)…l’indication d’une aide spécialisée à dominante pédagogique (E) est posée et Hugo intègre finalement le groupe d’aide E qui n’est mis en place pour les CP fin décembre.
Le premier bilan n’est pas mauvais, les premières séances se passent bien. Hugo prend plaisir à venir.
Le discours de l’enseignante a changé lors de ce premier trimestre: Hugo est plus attentif, cherche à bien faire,même s’il faut toujours l’isoler en classe.
Il a acquis la fusion syllabique et entre dans le code alphabétique avec « délectation. ».
Il nous semble alors que l’entrée dans l’écrit et surtout dans le code alphabétique a permis d’apporter le cadre structurant dont il avait besoin. Je constate qu’il réclame des activités liées au décodage et à l’encodage. Il apprécie également les activités cadrées d’apprentissage de l’écriture en classe.
En janvier je reçois la maman pour un entretien autour du projet individualisé.
« Je sais ce que vous allez me dire…il est vilain, je n’en viens pas à bout…je n’y arrive plus…d’ailleurs je ne le vois pas de la journée !!... quand il rentre(après une journée complète à l’école avec garderie et cantine !) …je lui donne un goûter, il veut toujours des chips et il traîne dehors jusqu’à ce que ses copains rentrent vers 22H, ( il a 6 ans !) il s’endort dans le canapé et je le porte dans mon lit car il ne veut pas dormir dans son nouveau lit(en hauteur, au dessus d’un bureau), il ne supporte pas les barreaux !...il rentre toujours très sale, ne quitte pas son ballon…je dois toujours crier…il ne me supporte plus !... »
Je suis assez abasourdie par ce que j’entends, quand je peux prendre enfin la parole, je tente d’expliquer que mon objectif n’est pas de me plaindre de lui (seuls motif de communication parent/enseignants pour elle, apparemment !) mais pour trouver ensemble la façon d’aider Hugo à dépasser ses difficultés d’apprentissage.
C’est alors que Hugo, peu attentif en apparence au monologue de sa maman et à mon discours, interpelle sa maman : « regarde ! je sais lire ça…et ça ( textes affichés !) et je sais écrire ça : Hugo passe au tableau et écrit « hugo aime maman » et ça : « Hugo lit, Hugo rit...Hugo joue… » et je peux lire ça ( prend un album) et ça ( prend son livre Gafi…)
La maman, au bord des larmes, s’adresse à lui : « je ne savais pas que tu savais tout ça ! pourquoi tu ne veux jamais me montrer ! (je pense : Quand ?)
A moi : « ces cahiers sont déchirés, sales, je pensais qu’il ne savait rien !!
Et Hugo continue en riant : et ça aussi je sais, et ça.. et ça… !!
Pas besoin d’autres commentaires !
Hugo apprend à lire et adore produire de l’écrit, d’après sa maîtresse, mais il est toujours « infernal » en récré, à la cantine donc …en dehors de l’espace protégé de la classe.
Je reverrai la maman dans 2 mois, sans doute pour la fin de l’aide E.
L’entretien a duré une heure, un soir après 17H.
Le travail avec les familles fait partie de nos missions d’enseignant spécialisé.
Qu’en sera-t-il à l’avenir ? Les enseignants auront-ils la possibilité d’engager un travail partenarial avec les familles dans l’intérêt de l’élève, dans le cadre de l’aide personnalisée.
Hugo,lui, ne bénéficie pas de l’aide personnalisée. L’enseignante ayant jugé, à juste titre, qu’il n’avait sans doute pas besoin d’être à l’école 3 fois 40minutes de plus le soir après 17H .
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